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    chez Nyl :    visiteurs

    10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 17:06
    "Des mômes ..."

    A la gare, ils se tenaient par la main.

    Dans le train, ils étaient côte à côte. Ils ont fait moitié moitié de leurs pique-niques.

    Dans le car, ils ne se sont pas lâché les mains et ont détaillé chaque virage.

    Petit sac sur le dos, ils partent vers leur chambre. Ça fait un an qu’ils attendent ça, repartir ensemble en colo, en amoureux, ça fait un an qu’ils s’envoient des courriers et se téléphonent de temps en temps.

    Seulement voilà, il y a une chose qu’on ne leur avait pas dit : ils ont grandi.

    Cette année, cette petite fille là et son amoureux, ce petit garçon et son amoureuse ont tous les deux six ans. Et la loi dit que les enfants ne peuvent pas dormir dans des chambres mixtes à partir de 6 ans.

    Ils devront faire chambre à part pendant les trois semaines que dure leur vie commune, le temps d’un été.

    Leur petit cœur ne comprend ce qui a changé depuis l’année dernière, ce qui les oblige à ne pas dormir ensemble.

    Quelle drôle d’idée de faire une loi pour séparer les amoureux…


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    3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 14:01
    "Des mômes ..."

    Au rez de chaussée du bâtiment des chambres, au milieu du grand couloir, une seule porte est accessible à la colo. Les autres cachent les secrets de l’internat du collège.

    Derrière cette porte, c’est ma maison, ma caverne, mon refuge… la cabane, la cachette aussi. C’est l’infirmerie.

    C’est très étrange de traverser ce grand couloir vide et sombre pour aller se faire soigner dorloter chouchouter… les premières fois ça impressionne !

    Alors à l’intérieur de ma grotte je mets de la couleur : des bouquins des dessins, des dessins, des bouquins.

    Et puis, un jour, un animateur me fait un cadeau, il m’offre un dessin. Oh non, pas un dessin, le dessin.

    En début de séjour, j’ai fait le clown, le vrai, avec un petit bout de nez rouge et de grands yeux étonnés. Clown muet qui ne parle pas mais dit beaucoup avec les sons de ses instruments, clown qui s’éveille à la musique…

    nyl-clown

    Ce clown est un clown blanc… Christophe lui a fait des couleurs et un visage sur un bout de papier. Ce clown là a eu beaucoup de frères et sœurs.

    L’infirmerie devient le cirque, et le cirque s’installe à l’infirmerie.

    Je ne me souviens pas si chaque enfant a ramené un dessin mais je me souviens qu’il y en a eu beaucoup… un mur de clowns témoins de ces moments d’intimité où on peut laisser aller les larmes… un mur de clowns à observer… se concentrer sur leurs tronches et mettre un peu de côté les bobos… un mur de clowns pour me faire plaisir aussi.

    Je crois qu’ils se sentaient bien dans ma grotte mon antre ma caverne, au bout du couloir sombre. Tu sais, là où il y a les clowns !

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    26 octobre 2007 5 26 /10 /octobre /2007 21:31
    "Des mômes ..."

    C’est un collège en vacances, un collège à la neige.

    C’est l’été, la neige est là-haut, tout là-haut.

    Au fond de la cour du collège, le bâtiment d’internat ouvre ses portes aux enfants. Des enfants qu’on ne connaît pas encore.

    Ma curiosité me guide vers une cage d’escalier qui résonne sous les cris d’un enfant.

    Dans l’escalier un peu froid, un enfant et son sac à dos, un enfant cherche la chambre qui sera la sienne.

    L’enfant est fier, il joue le grand, il parle très fort. L’enfant a décidé que sa chambre serait ailleurs que là où on le lui propose. L’enfant s’en fout, si quelqu’un a pris le lit qui sera le sien il le mettra dehors. L’enfant s’en moque, ce sera comme il l’a décidé, c’est comme ça et ce n’est pas autrement, même et surtout s’il a tout fait pour arriver le dernier. L’enfant dit non avant même qu’on lui parle.

    L’enfant a monté l’escalier, l’enfant se sent très grand. Cet enfant là fait du bruit, beaucoup de bruit.


    « Comment tu t’appelles ? » demande une voix d’un ton ferme.

    L’enfant se tait et se retourne.

    La voix sort d’un animateur baroudeur. Un homme statue qui ne bouge plus. Celui-là ne répètera pas deux fois la question, celui-là ne bougera plus tant qu’il n’aura pas sa réponse.

    L’enfant regarde, de haut en bas, de bas haut, cet adulte qui attend.

    L’enfant réfléchit, il est devenu statue lui aussi.

    La voix n’a pas crié, n’a pas dit « c’est pas toi qui décide ! », ne lui a pas ordonné de faire moins de bruit. La voix lui a demandé qui il était.

    La question semble compliquée pour cet enfant là, le temps s’arrête un instant.


    « Sofiane »


    Sofiane est dans l’escalier, il se tait.

    L’animateur lui sourit : « Ok Sofiane. Tu n’auras pas besoin de me le redire, je m’en souviendrai. Moi c’est Christophe. Les chambres des grands sont au deuxième, je te retrouve là-haut pour faire ton inventaire ».

    Sofiane et son sac montent en silence. Il va trouver son lit, s’asseoir et attendre celui qui est maintenant son animateur.

    Ça y est, Sofiane a posé ses bagages en vacances, il va pouvoir en profiter. Sofiane existe dans la colo.

    Le temps d’un voyage, Sofiane nous a promis un enfer. L’instant d’un accueil, Sofiane nous a offert trois semaines de curiosité, de complicité et de bonne humeur.

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    1 octobre 2007 1 01 /10 /octobre /2007 23:10
    Gare de Lyon.

    C’est le matin. C’est l’été, mais il fait froid, il est très tôt. Nous sommes quelques adultes, tous un peu intimidés. L’équipe est au complet. Nos sacs à dos, les instruments de musique, les trousses à pharmacie pour le voyage, les listes en poche. Parés !

    Petit à petit, des familles nous rejoignent, regards curieux, recommandations des mamans inquiètes, papas qui retrouvent le goût de l’aventure pour motiver leurs enfants…

    "Comment tu t’appelles ?"                           "Moi c’est Christophe"

                                        " Nous on est jumelles !"

               "j’ai pris mon saxophone"                      "J’ai pas pris mon violoncelle"

      "On pourra être dans la même chambre ?"

                                        "Lui, c’est mon petit frère mais il vient pas"

    "J’suis jamais allé à la montagne"

                     "Y’a mon copain qui vient aussi mais il est pas arrivé"
                                     
               "Moi, j’ai jamais joué de musique, tu m’apprendras ?"

       "C’est vrai que y’a des poneys ?"

                                              "Tu sais je fais de l’asthme"

                "Pendant la colo, papa il va refaire ma chambre"

                     "J’ai pas peur de partir…"    
                     "Maman t’es où ?"

    "Moi, j’habite à Bagnolet !"    "Moi, je viens de Guadeloupe, jétais à l’hôtel cette nuit."

                        "Quelqu'un a un kleenex?"

                      "C’est qui l’animateur qui joue de la guitare électrique ?"

               "Il fallait prendre une casquette ? J’ai oublié je crois..."

     "Ouf, j’ai eu peur d’être en retard !"             "Tiens, mets une étiquette sur ton sac à dos"

                                    "Il est à qui ce blouson ?"

    "Bonjour, je m’appelle Nelly, je suis l’assistante sanitaire. Vous m’expliquez son traitement ?"


    L’heure du départ approche, les noms sont tous cochés sur la liste, derniers bisous. Quelques papas profitent du coup de main des bagages pour traîner dans le wagon, dernier comptage, dernier au revoir, et le train part en silence.

    C’est fou ce qu’un TGV roule en silence
    pendant quelques minutes, malgré 70 enfants dans le wagon. Puis les langues se délient, aidées par l’effervescence des copains contents de partir ensemble. Le temps du voyage, on repère quelques prénoms, on rassure quelques craintes, on dit « non » aussi parfois, il faut le faire tout de suite…

    Casse-croûte du voyage, un dernier repas de maman avant quelques semaines, pour faire le lien avec l’ailleurs, repas dans un train où chacun défend son sandwich au pain de mie contre celui au pain frais, et tes chips… ouah, elles sont au bacon ! Chaque pique-nique est meilleur que celui de son voisin, chaque pique-nique est avalé comme si c'était un bout de son chez soi.

    Après la gare, le comptage à nouveau, les bagages toujours aussi lourds, et c’est le car qui prend la route de la montagne. Virages, cascades, montagne, virages encore ... des petits yeux grands ouverts qui découvrent à chaque virage un nouveau paysage.

    Nous voilà arrivés. Au cœur de la Savoie. Le village a le nom d’un fromage, le fromage porte le nom du village. L’herbe est verte, la montagne magnifique, et le soleil nous accueille.

    Une dizaine d’année, la casquette vissée sur la tête, un des enfants bloque la descente du car. Il a la tête en l’air…

    « On va vivre dans une carte postale… »

    Seconde à croquer, seconde qui donne sens à tous ce chambardements de mômes, de bagages et d’émotions…


     

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    14 septembre 2007 5 14 /09 /septembre /2007 18:47
    Réunion au sommet avec nos pirates

    (en Hollande, les pirates ont des casquettes bleues, et paf !)

    Il y a des règles : tu pars à trois minimum, et tu reviens toujours à trois.
    Le quartier est balisé : à défaut de rubans jaunes et oranges, on délimite les quartiers piétons par les rues à traverser.

    Pas de rues tu traverseras, et à trois tu resteras.

    (1 2 3 nous irons au bois)

    Pour que les pirates évitent les prises d’assaut, on leur demande aussi de ne pas rentrer dans un magasin si il y a déjà un groupe de copains… et bien sûr on ne rentre pas dans un autre endroit qu’un magasin, la vie privée des gens ne nous regarde pas, on ne suit pas des inconnus…

    (4 5 6 cueillir des cerises)

    Et l’argent alors ? L’argent de poche est dans la caisse, petites enveloppes serrées les unes contre les autres, petit trésor du navire, et toi tu veux combien, oui mais en franc, ça fait combien ? Le franc et les couronnes, ça se compte pas pareil. Les maths au quotidien pour le bien-être des cartes postales, des bonbons et des glaces à la vanille (rien ne vaut la glace hollandaise !) et des porte-clefs sabots pour maman… dis… tu crois que je peux m’acheter une casquette, même si elle est pas bleue ?

    (7 8 9 dans mon panier neuf)

    Les repères géographiques sont posés, les repères financiers sont dans la poche, et comment on fait pour expliquer des trucs à des gens qui ne parlent pas la langue ? (à moins que soit l’inverse…) On se débrouille on baragouine en anglais, ils ne le font pas mieux que nous. Et les enfants notent : le nom de la péniche, son emplacement, le numéro de téléphone du GSM, deux trois trucs indispensables.
    Bon on y va ?

    (10 11 12 elles seront toutes rouges)

    Stop ! Et les adultes dans l’histoire ? Qui suis-je où suis-je où vais-je ? Tout ça c’est réglé… mais l’essentiel, le truc qui fait que tu sais que tu es en sécurité, que tu sais que tu es accompagné, que tu sais qu’il ne peut rien t’arriver… les adultes, c’est nous !
    Alors nous… on déambule à deux dans le territoire défini, et on se pose aussi à deux dans un endroit repéré repérable connu de tous.
    Au bistrot !

    Allez matelots… pas de quartier ! Et profitez…

     

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    5 septembre 2007 3 05 /09 /septembre /2007 18:54
    "Des mômes ..."

    La Hollande. L’autre Pays du Fromage.

    La Hollande, le pays des tulipes aussi, mais ce n’est pas la saison.

    La Hollande, le pays du vélo, mais j’en ai déjà parlé.

    La Hollande, le pays de la légalisation… sexe drogue et rock n’roll.

    Pour le Rock n’roll on s’est débrouillé entre nous, avec ma flûte traversière.

    Pour le sexe, ils ont découvert les vitrines étranges des sexshops et autres magasins de femmes à Amsterdam. Après quelques joues rougeoyantes, des rigolades sur carte postale, quelques réflexions chocs sur la condition de la femme, ils se sont posés les bonnes questions : moments de discussion bien chouettes, essayer de donner des billes à ces préados pour qu’ils puissent devenir de jeunes adultes qui sauront un peu aimer et être aimés.

    Et c’est quoi l’amour et pourquoi le sexe et les bébés dans tout ça mais les filles les garçons les bisous les mélanges les clous sur la ceinture et le préservatif les bisous encore et la langue et l’amour et le sexe et la tendresse bordel… bon on va faire un tarot ?


    « Dis papa, c’est quoi cette bouteille de lait ?... »


    La Hollande, le pays de la drogue en vente libre…


    « Dis, Nelly, pourquoi il y a une seringue barrée sur la porte de la péniche des voisins ? »

    On y est.

    Les ports et les péniches semblent des endroits de prédilection pour ouvrir ces établissements de consommation douce réservés aux adultes.

    La seringue barrée ne veut pas dire que les diabétiques n’ont pas le droit d’entrée, elle signifie que tu ne peux pas… qu’il faut trouver des mots.

    Des mots pour différencier les drogues dures et les drogues douces. Des mots pour sensibiliser.

    Des mots pour expliquer pourquoi ce qui est autorisé ici ne l’est pas chez nous. Des mots pour donner des noms aux odeurs des joints.

    Une vigilance aussi car les camés, les durs, les défoncés, ils ne sont pas loin, ils habitent aussi dans les ports. Et pourquoi il fait chauffer son sucre dans la petite cuillère ?

    Je manque d’expérience en la matière, mais il faut accompagner leurs questions, répondre à leurs réflexions, chercher ensemble surtout. Expliquer les effets secondaires, la dépendance, le cercle infernal, la maladie, la déchéance.

    Expliquer aussi la modération, les herbes folles et les petits plaisirs, sans oublier de mettre en garde et de connaître la loi, celle de chez eux.

    Mais ça fait peur ça questionne ça interroge et ça réveille aussi. Ça réveille des histoires de voisins, de copains, de frangins, de parents, de dépendances à la drogue à l’alcool aux médocs … des trucs pas drôles. Ces enfants là sont de milieux assez protégés, les histoires sont peu nombreuses. Mais elles sont là, et leur protection est loin d’être hermétique, ils vivent et grandissent dans ce monde là.

    Leur voyage en Hollande a été aussi un rite initiatique au monde des grands, aux galères de la vie qu’on a pu croiser parler questionner. Ils n’ont pas du l’oublier, même si je ne sais pas ce qu’ils en ont fait.

    Bon… on se le fait ce tarot ?

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    12 août 2007 7 12 /08 /août /2007 19:50
    Petits bobos au fil de l’eau, petits bobos et grands frissons.



    A chaque repas, rituel des médicaments. A chaque repas, la petite bande sous traitement se rassemble dans un coin de la salle, et chacun a droit a sa pilule son cachet son sirop. Petit carnet des traitements que les enfants cochent à chaque prise, pour ne pas oublier pour ne pas dépasser non plus.

    ---

    Journée de plein soleil au bord de la piscine. Les tubes de crème solaire fondent à vue d’œil, les chronos sont stricts et au bout d’1/4 d’heure dans la flotte les mômes ont droit à au moins ¼ d’heure d’ombre, et un nouveau tartinage dans les règles de l’art.

    Le soleil tape et on le sait, le soleil tape et on fait gaffe.

    Et pourtant… le soir, c’est la biaffine qui coule à flot, et les larmes des enfants aux épaules de homard.

    Incompréhension.

    ---

    Moment de la douche. Un coin de la salle-de-jeu-à-manger-d’activités se transforme en infirmerie. Compresses, pommades, dakin, pince à échardes, arnica, pansements, gants en plastiques et autres babioles aseptisées. Grands soins des petits bobos, moment d’attention aux petits corps qui grandissent et se meurtrissent parfois, parfois juste un bisou ça suffit.

    ---

    Un vélo qui roule, un pied dans les rayons, le tout qui s’emmêle

    Un enfant qui s’envole.

    Flippe.

    Il se relève.

    - Soupir -

    ---

    Le coucher et à nouveau les bobos. Les plus gros cette fois.

    Le corset de celle-ci dont le corps refuse de grandir droit, les compresses là où le corset blesse. La pommade de celui-là dont la peau oublie de boire l’eau du corps. Les pommades encore sur les peaux de homard. L’inhalateur enfin de ceux dont les poumons fonctionnent au ralenti.

    Nos grands de la journée deviennent petits au coucher, ne pas oublier que ce sont des enfants, qu’ils sont encore très dépendants.

    Moment d’intimité aussi avec les filles, dont les corps ont choisi la colo pour devenir femmes. Pas toujours simple quand on est loin des siens.

    ---

    Et puis c’est ton tour.

    Tu joues, nous jouons tous ensemble, les poules courent après les renards et fuient les vipères. Et réciproquement, et inversement. C’est chouette, tout le monde y met du sien, dans un grand parc construit sur les ruines d’un château. Herbe verte et grands arbres, trucs à grimper trucs à sauter.

    Trucs à chuter aussi.

    La chute en arrière, de celles qu’il ne faut pas faire. De celles qui font peur. De celles qui font toujours mal, parfois très, parfois trop.

    Ta chute, violente, et ton teint blême. Pas de cris, pas de pleurs, juste une larme… une seule.
    On te parle on te rassure pourtant le cœur n’y est pas. Te faire soigner dans un pays dont on ne parle pas la langue, faire venir les secours d’abord, ne pas paniquer, gérer les autres enfants, les rassurer aussi, te soigner c’est urgent, dis, tu bouges les doigts de pieds ? C’est déjà un bon signe, mais tu ne te relèves pas.

    ---

    A chaque escale, un bistrot pas loin.

    A chaque escale, notre QG de campagne trouve sa place au bistrot, on se fait connaître, on se fait aimer pour trouver un relais capable de nous aider en cas d’urgence, à toute heure du jour et de la nuit. Aussi, c’est le cafetier du canal qui lance l’alarme et fait venir les pompiers.

    Tu pars avec un animateur et les pompiers, tu pars allongé avec la minerve la coquille ton corps est tout petit sur ce grand brancard. Et toujours une larme, une seule.

    Triste fin de journée pour ceux qui attendent, triste fin de journée dans l’angoisse. Déjà on envisage le rapatriement, s’il est nécessaire il faudra peut-être faire vite.

    Si c’était aujourd’hui on aurait vite su. Seulement le GSM qui est dans la cabine de pilotage est fort limité, un appel par jour à l’organisateur, grand maximum, quand il y a du réseau. On n’appelle pas encore ça un téléphone portable d’ailleurs.

    Ce n’est qu’à la tombée de la nuit qu’on sait enfin, ce n’est qu’à la tombée de la nuit qu’on te voit.

    Tu es debout.

    Encore inquiet de ton aventure, raide du choc trop violent pour ton corps, mais encore entier à l’intérieur. Automate pour quelques jours, l’aventure peut continuer tous ensemble, avec un héros parmi nous. Un autre tube de pommade dans ma boîte à pharmacie, une nouvelle page à mon carnet.

    Je préfère comme ça, et toi aussi !

    Bali : grand jeu

     

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    27 juin 2007 3 27 /06 /juin /2007 19:59

    Sur la péniche, des vélos.

    Une douzaine je crois.

    La première année, la première sortie, nous avons suivi le canal pour attendre la péniche. Aventure absolument fantastique, tout en ligne droite, et qui tient en une heure maximum. La péniche en a mis trois.

    Pas de carte, pas de projet.

    Alors on a un peu baroudé autour des canaux histoire de combler les trois heures. On a fait des jeux aussi pour apprendre à s’arrêter, à accélérer, pour maîtriser sa monture.

    La deuxième année, on a décidé de faire mieux. On est parti avec des cartes routières, des guides bleus du routard de la Hollande, et des sacs à dos. On a recommencé les jeux, histoire d’avoir une caravane qui roule droit.

    La veille de chaque sortie vélo, on prenait les guides bleus du routard, on prenait les cartes, et on se mettait par terre dans un coin pour chercher quoi faire avec nos vélos. Ou alors le matin même, on partait à l’aventure, avec les cartes.

    Un cimetière classé par ici, des moulins par là, une piscine de l’autre côté, le marchand de glace au passage. Le tout en toute sécurité, la Hollande, c’est vraiment le paradis du vélo.
    Pique-nique et argent de poche dans les sacoches, c’était parti pour l’aventure. Le défi reste de taille, il faut retrouver la péniche le soir, qui se sera déplacée. La ville d’arrivée est connue, mais pas le lieu d’amarrage.

    D’aventure en aventure, les mômes ont eu un peu plus soif, un peu plus envie de découvrir. Alors ils ont monté un projet. Projet camping. On part pour deux jours et une nuit, ce n’est plus l’aventure, c’est l’expédition.

    A ce moment là, c’est devenu sérieux : budget prévisionnel, choix de l’itinéraire, recherche du matériel, négociation avec l’organisateur pour acheter les tentes et autres duvets. Le rêve fou prenait tournure, l’expédition portait même un nom « la nuit camping en vélo ». Superbe nom.

    Notre voyage en péniche et son parcours est déclaré minuté aux autorités locales, il faut faire un additif pour la partie « la nuit camping en vélo ». Me voilà partie avec Paul Emile et Victor à la Mairie du coin, avec notre projet, le nom du camping, le budget et le nom du magasin de toiles de tente.

    L’administration locale a dit non. L’administration locale a donné la règle : « si en Hollande avec des mineurs partir camper tu voudras, alors deux mois plus tôt ton projet tu déclareras».

    Le budget est resté à l’état de prévisionnel, l’expédition à l’état de projet, le projet à l’état de rêve.

    Les mômes étaient déçus, nous aussi. Mais le seul fait de monter ce projet tous ensemble et de l’avoir porté jusqu’aux autorité a été une grande aventure, un vrai projet d’enfants. Ils étaient déçus, mais pas en colère, ils comprenaient.

    En fin de séjour, on a quand même fait la nuit camping, mais version de rechange : « la nuit camping dans la péniche ».

    Les gamins ont dormi dans la grande salle, sous leurs couettes, tous ensembles.

    En théorie, c’est interdit de faire dormir des enfants de plus de 4 ans garçons et filles mélangés. Alors on a bien insisté sur le fait que c’était juste ceux qui le souhaitaient, pour s’amuser. Ils ont tous souhaité, et ils ont dormi comme des bébés, bercés par le roulis une dernière fois, à rêver d’une nuit sous la tente.
     


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    25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 19:35

    Sur la péniche, les deux années, l’ambiance a vite été détendue. Peu de choses à recadrer avec les enfants, peu de moments de stress, la vie coulait son fleuve tranquille.

    Et puis un soir.

    Un soir, à force de couler son fleuve tranquille, les enfants ont oublié de respecter certaines choses qui fonctionnaient bien. Un soir le coucher a duré plus que de raisons.

    Un soir, nous avons quitté plusieurs fois la cuisine, seul lieu réservé aux adultes, pour leur demander de se calmer.

    Mais nous étions disponibles, et tout allait bien. Nous n’étions pas crédibles. Pas assez.
    Les cabines se sont éteintes peu à peu, le calme est revenu. Presque.

    Il restait une cabine en ébullition.

    Ils étaient 6 dans un tout petit espace, 6 hyperactifs qui faisaient  tanguer le bateau. Mais avec tellement d’humour qu’ils nous faisaient rire aussi.

    Sauf que le lendemain, fallait redémarrer, re-naviguer, faire du vélo aussi. Sauf que quand on commence à être demain, ça devient vraiment tard pour s’endormir. Sauf que quand on vit sur un bateau et qu’on n’a pas l’habitude, ce serait risqué d’être trop fatigué.

    Nous sommes deux, derrière la porte de la cabine. Nous sommes deux à rire tout bas de leurs bêtises qui nous font rire. Mais nous sommes deux à savoir au fond tout au fond qu’il est temps qu’ils dorment.

    Céline me dit qu’elle n’est pas cap, elle est pliée en deux.

    Je prends ma respiration.

    J’ouvre violement la porte et très fermement, mais pas trop fort pour les autres cabines, je crie. Je crie qu’il y en a assez, que je ne comprends pas à quoi ils jouent, qu’on pensait pouvoir leur faire confiance, que leur attitude n’a rien de drôle, et qu’il n’est pas question qu’ils m’obligent à redescendre. Merde. Et je referme la porte aussi violemment, mais sans bruit.

    Céline est pliée en quatre, et je la suis. Je n’aurai pas tenu deux mots de plus.
    La cabine est silencieuse. Totalement silencieuse.

    Une voix traverse doucement la porte : « On a abusé les mecs, elle était vraiment en colère Nelly, ça craint. Je croyais pas qu'elle pouvait être en colère comme ça»

    Le silence se fait à nouveau. On remonte en courant sur le pont avant d'éclater de rire, puis de profiter de la nuit. Ils sont vraiment chouettes ces mômes...
     


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    18 juin 2007 1 18 /06 /juin /2007 23:14

    La Péniche s’appelle Bali. Elle a fait partie de ma vie pendant un peu plus de deux ans. Quelques séjours ponctuels pour s’échapper de la vie terrestre, et puis deux grands séjours au fil de l’eau. 


    Le premier séjour, c’est celui de l’été 1994, un mois d’août en Hollande sur la Péniche, avec une quarantaine d’enfants de 9 à 12 ans. 


    Les souvenirs de cette colo, la dernière de ma vie d’animatrice, sont maintenant entremêlés avec ceux de ma vie d’après, celle où j’étais directrice adjointe et assistante sanitaire de ce même séjour. D’autres enfants, un autre été, un an après, et plus posée. 


    La péniche, c’est un petit univers flottant, c’est plus qu’une colo. La péniche est vivante. 


    Il y a le cœur de la péniche. C’est une petite cuisine de moins de 15 mètres carrés, où un grand cuisinier frisé nous mitonne des plats renversants, pour presque cinquante personnes. Cuisinier, c’est un peu magicien. 


    Il y a le cerveau de la péniche. Le cerveau, c’est tout à l’arrière, la cabine de pilotage. C’est le refuge des matelots en herbe que Didier, le patron, créateur de cet univers inoubliable, regarde avec son sourire malicieux lorsqu’ils s’essayent à la navigation. Lorsqu’un enfant est à la barre, on le sait, le bateau fait des zigs et des zags dans les grandes largeurs. 


    Il y a les poumons de la péniche, les poumons, c’est sur le pont. Sur le pont, les vélos qui servent à s’envoler un peu plus loin que les rivières, les tables de jardin pour les jours de soleil, les bancs qui ont usé les shorts des curieux avides de découvrir, de comprendre, et prêt à saluer avec deux doigts le prochain batelier que l’on croise. Sur le pont, le seau et la serpillière aussi, comme sur tout navire qui se respecte. 


    A l’entre-deux, derrière la cuisine, ce sont les sanitaires : trois douches, deux WC, ou li’nverse, quelques lavabos. Peu d’intimité, mais tout ce qu’il faut. 


    Et il y a les dessous de la péniche. La péniche est sexuée. D’un côté de la salle, les cabines des garçons, de l’autre, celles des filles. De grandes portes étanches peuvent fermer les compartiments. Les cabines, c’est 4 ou 6 couchettes, la place où ranger les sacs sous les couchettes du bas, et un hublot. Du bois sur les cloisons, des couettes bleues et vertes, un hublot cerclé de rouge. C’est chaud et douillet, même si c’est petit. 


    Et enfin il y a la salle. Une grande salle parqueté, avec un bar, un vrai, et des hublots tout autour. Rouges les hublots. La salle, pour jouer, pour manger, pour papoter, pour créer les projets les plus fous, pour se détendre aussi, pour dormir parfois. La salle, c’ests avec les cabines, l’ancienne cale de la péniche, qui a transporté des tonnes de marchandises au fil des fleuves et canaux de France et d’Europe. Didier l’a transformé en un paradis flottant, un QG d’aventure extraordinaire. 


    Surtout une grande aventure humaine pour les 40 matelots à casquettes bleues qui y ont pausé leurs bagage le temps d’une croisière, deux grandes aventures au tournant de mon expérience auprès des enfants. 


    Bali 

    (à suivre…)



    J’ai appris quelques années plus tard que Didier nous avait quitté. Ce petit texte est aussi un hommage à la folie de cet homme qui a osé ce projet, pour le bonheur d’un paquet d’enfants. J’ai retrouvé Bali sur le net, elle semble aller toujours bien et avoir une nouvelle vie bien remplie. Tant mieux, c’est important la vie d’un bateau, un air de liberté au fil de l’eau.


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