La Péniche s’appelle Bali. Elle a fait partie de ma vie pendant un peu plus de deux ans. Quelques séjours ponctuels pour s’échapper de la vie terrestre, et puis deux grands séjours au fil de l’eau.
Le premier séjour, c’est celui de l’été 1994, un mois d’août en Hollande sur la Péniche, avec une quarantaine d’enfants de 9 à 12 ans.
Les souvenirs de cette colo, la dernière de ma vie d’animatrice, sont maintenant entremêlés avec ceux de ma vie d’après, celle où j’étais directrice adjointe et assistante sanitaire de ce même séjour. D’autres enfants, un autre été, un an après, et plus posée.
La péniche, c’est un petit univers flottant, c’est plus qu’une colo. La péniche est vivante.
Il y a le cœur de la péniche. C’est une petite cuisine de moins de 15 mètres carrés, où un grand cuisinier frisé nous mitonne des plats renversants, pour presque cinquante personnes. Cuisinier, c’est un peu magicien.
Il y a le cerveau de la péniche. Le cerveau, c’est tout à l’arrière, la cabine de pilotage. C’est le refuge des matelots en herbe que Didier, le patron, créateur de cet univers inoubliable, regarde avec son sourire malicieux lorsqu’ils s’essayent à la navigation. Lorsqu’un enfant est à la barre, on le sait, le bateau fait des zigs et des zags dans les grandes largeurs.
Il y a les poumons de la péniche, les poumons, c’est sur le pont. Sur le pont, les vélos qui servent à s’envoler un peu plus loin que les rivières, les tables de jardin pour les jours de soleil, les bancs qui ont usé les shorts des curieux avides de découvrir, de comprendre, et prêt à saluer avec deux doigts le prochain batelier que l’on croise. Sur le pont, le seau et la serpillière aussi, comme sur tout navire qui se respecte.
A l’entre-deux, derrière la cuisine, ce sont les sanitaires : trois douches, deux WC, ou li’nverse, quelques lavabos. Peu d’intimité, mais tout ce qu’il faut.
Et il y a les dessous de la péniche. La péniche est sexuée. D’un côté de la salle, les cabines des garçons, de l’autre, celles des filles. De grandes portes étanches peuvent fermer les compartiments. Les cabines, c’est 4 ou 6 couchettes, la place où ranger les sacs sous les couchettes du bas, et un hublot. Du bois sur les cloisons, des couettes bleues et vertes, un hublot cerclé de rouge. C’est chaud et douillet, même si c’est petit.
Et enfin il y a la salle. Une grande salle parqueté, avec un bar, un vrai, et des hublots tout autour. Rouges les hublots. La salle, pour jouer, pour manger, pour papoter, pour créer les projets les plus fous, pour se détendre aussi, pour dormir parfois. La salle, c’ests avec les cabines, l’ancienne cale de la péniche, qui a transporté des tonnes de marchandises au fil des fleuves et canaux de France et d’Europe. Didier l’a transformé en un paradis flottant, un QG d’aventure extraordinaire.
Surtout une grande aventure humaine pour les 40 matelots à casquettes bleues qui y ont pausé leurs bagage le temps d’une croisière, deux grandes aventures au tournant de mon expérience auprès des enfants.
(à suivre…)
J’ai appris quelques années plus tard que Didier nous avait quitté. Ce petit texte est aussi un hommage à la folie de cet homme qui a osé ce projet, pour le bonheur d’un paquet d’enfants. J’ai retrouvé Bali sur le net, elle semble aller toujours bien et avoir une nouvelle vie bien remplie. Tant mieux, c’est important la vie d’un bateau, un air de liberté au fil de l’eau.
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