Sur la péniche, les deux années, l’ambiance a vite été détendue. Peu de choses à recadrer avec les enfants, peu de moments de stress, la vie coulait son fleuve tranquille.
Et puis un soir.
Un soir, à force de couler son fleuve tranquille, les enfants ont oublié de respecter certaines choses qui fonctionnaient bien. Un soir le coucher a duré plus que de raisons.
Un soir, nous avons quitté plusieurs fois la cuisine, seul lieu réservé aux adultes, pour leur demander de se calmer.
Mais nous étions disponibles, et tout allait bien. Nous n’étions pas crédibles. Pas assez.
Les cabines se sont éteintes peu à peu, le calme est revenu. Presque.
Il restait une cabine en ébullition.
Ils étaient 6 dans un tout petit espace, 6 hyperactifs qui faisaient tanguer le bateau. Mais avec tellement d’humour qu’ils nous faisaient rire aussi.
Sauf que le lendemain, fallait redémarrer, re-naviguer, faire du vélo aussi. Sauf que quand on commence à être demain, ça devient vraiment tard pour s’endormir. Sauf que quand on vit sur un bateau et qu’on n’a pas l’habitude, ce serait risqué d’être trop fatigué.
Nous sommes deux, derrière la porte de la cabine. Nous sommes deux à rire tout bas de leurs bêtises qui nous font rire. Mais nous sommes deux à savoir au fond tout au fond qu’il est temps qu’ils dorment.
Céline me dit qu’elle n’est pas cap, elle est pliée en deux.
Je prends ma respiration.
J’ouvre violement la porte et très fermement, mais pas trop fort pour les autres cabines, je crie. Je crie qu’il y en a assez, que je ne comprends pas à quoi ils jouent, qu’on pensait pouvoir leur faire confiance, que leur attitude n’a rien de drôle, et qu’il n’est pas question qu’ils m’obligent à redescendre. Merde. Et je referme la porte aussi violemment, mais sans bruit.
Céline est pliée en quatre, et je la suis. Je n’aurai pas tenu deux mots de plus.
La cabine est silencieuse. Totalement silencieuse.
Une voix traverse doucement la porte : « On a abusé les mecs, elle était vraiment en colère Nelly, ça craint. Je croyais pas qu'elle pouvait être en colère comme ça»
Le silence se fait à nouveau. On remonte en courant sur le pont avant d'éclater de rire, puis de profiter de la nuit. Ils sont vraiment chouettes ces mômes...
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