Cet enfant là sait pourquoi il est venu.
Il a un projet. Un vrai. Un puissant.
Il n’est pas venu pêcher ni découvrir les recoins cachés dans la nature de la Brenne. Il n’est pas venu collectionner les mille-pattes non plus. Ni jouer de l’accordéon à la tombée de la nuit. Il n’est pas venu pour apprendre mille chansons, ni pour jouer à la plus grande tour de kapla. Même s’il fera quand même un peu tout ça.
Sauf que dans cette colo là, nous n’avons pas d’atelier, ni de lieu particulièrement conçu pour du bricolage.
Mais il y a Maurice. Maurice, (s’il ne s’appelle pas Maurice, c’est Marcel, ou quelque prénom de super papi comme ça), il habite là, il vit là, il a les yeux de la couleur des murs et la peau de la couleur du sol de la cour. Maurice, c’est le caméléon du lieu, les mains calleuses et la peau tannée. Maurice, il entretient les coins et recoins du lieu pour qu’il garde son authenticité tout en étant chaleureux, fonctionnel, et accueillant. Maurice, il est bougon mais toujours présent. Un bonhomme …
Alors quand il apprend que ce petit jeune homme là a ce projet là, Maurice qui regardait de haut la colo se prend d’affinité pour ce môme et son projet. Il trouve tout. Les outils, la récup, tout ce qu’il faut pour qu’enfin ce môme là ait un banjo. Son banjo. Fais lui-même. Avec les clous de Maurice et de vraies cordes de guitare. Et la justesse des quelques notes bricolées qui en sortent à la fin.
Du moment où il a eu son banjo, il ne l’a pas quitté. Le banjo près de la table aux repas, le banjo à chaque moment de chorale, le banjo sous le lit la nuit…
Je ne sais pas ce qui m’a le plus touché … l’aboutissement de ce projet finalement assez simple, la volonté de cet enfant venu juste pour ça, ou la complicité qui s’est construite entre Maurice et ce gamin pour fabriquer le banjo…
Et toi gamin devenu grand aujourd’hui… tu racontes à tes mômes l’histoire de ce banjo ? Il est resté planqué sur une armoire chez tes parents ?