Il est arrivé en vacances, et il est heureux. Je peux le nommer Ivanov, Igor, Boris, Grishka, Stanislas, Youri ou Dimitri, Evgueni ou Sergueï. Ses parents lui ont donné un prénom slave, et ça lui va comme un gant.
Il porte en lui toute l’image que l’on se fait des slaves, ce côté fort et solide, la démarche assurée bien plantée dans le sol, le regard direct et franc, le sourire éclatant. Il suffit de le regarder pour savoir comment il va, et il va bien.
Activité clown. Pour démarrer, le clown travaille son entrée. Dos au public, l’enfant se retourne, et tout en lui doit être clown. C’est assez difficile. Lorsque celui-là se retourne, le reste du petit groupe rit. Rien de ridicule, non. Il est juste là, entier, heureux, et il communique tout ça directement à ceux qui sont en face de lui.
Un jour, celui-là se fait mal au coude. Il a beau avoir toute la force slave qui émane de lui, il n’empêche qu’il n’a que 5 ans, et qu’à cinq ans parfois on se fait mal. Il pleure comme il rit, entier, d’un bloc, très fort et tant que ça fait mal. Il pleure un bon moment…
Plusieurs médecins le voient à l’hôpital, lui font des radios dans tous les sens, lui font mal, le font hurler. Jusqu’à ce qu’un médecin arrivé de nulle part vienne voir d’où proviennent ces cris… petite manipulation douce du bras, un coup plus fort, l’enfant hurle plus fort aussi. Le médecin se penche vers l’enfant, lui murmure quelques mots à l’oreille. Les pleurs s’arrêtent, l’enfant bouge son bras juste un peu, et il rit. C’est fini, c’est « reboîté » comme il me dira plus tard. En fait, c’était plus qu’un médecin, c’était un super héros… grâce à lui le petit slave est revenu à la colo en géant des Carpates.
Je n’ai pas vécu l’hôpital avec lui, j’étais occupée avec une enfant-poussin qui n’avait pas été touchée par la grâce slave, mais les copains me racontent. Et je le vois revenir, le teint blême, le bras en écharpe, les cheveux collés d’avoir hurlé toute la journée, mais le sourire jusque dans les yeux, et vénérant le super héros qui lui a permis de revenir juste à temps pour la boum d’anniversaire de sa grande copine…
Si seulement ils avaient tous la force de ce bonheur là…
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